Short Description
Ramadan requiert une grande détermination à l’obéissance, qui aide le jeûneur à poursuivre son jeûne
Pourquoi Dieu a-t-Il associé le Ramadan à la piété ?
Le jeûne du Ramadan est une pratique cultuelle intime entre le croyant et Dieu. Aucun être humain ne peut savoir avec certitude si nous jeûnons ou pas. C’est pourquoi le jeûne, plus que tout autre acte, est apte à susciter la dévotion sincère et la piété. De plus, le jeûne est une pratique cultuelle prolongée tout au long du jour, au contraire de la prière qui s’achève en quelques minutes. De ce fait, il requiert une grande détermination à l’obéissance, qui aide le jeûneur à poursuivre son jeûne avec la même constance du début à la fin du jour : ceci n’est possible que grâce à la piété.
Le jeûne nous empêche de faire des choses qui nous sont licites à d’autres moments que durant le jeûne : se nourrir, boire, avoir des rapports conjugaux. L’être humain n’aime pas, habituellement, ce qui l’empêche de satisfaire ses désirs, et il cherche toujours à échapper à ce qui l’en empêche. Accepter cet empêchement volontiers et avec patience est donc l’un des signes de la piété.
De même, le jeûne nous contraint à adopter un comportement qui est difficile à suivre sauf pour les êtres pieux. Ainsi, le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Lorsque vous jeûnez, ne dites pas de paroles grossières et n’élevez pas la voix ; si quelqu’un vous insulte ou vous attaque, dites : je jeûne. »[1] Ceci est un comportement inhabituel : ne pas répondre aux provocations, sans se taire mais en disant seulement que l’on jeûne, raison pour laquelle on n’a pas réagi à l’agression. Ce comportement est un rappel, d’abord pour l’âme : ce silence n’est pas une marque de faiblesse mais recherche la satisfaction divine. `Umar ibn `Abd al-`Azîz a dit : « L’être pieux est un cheval bridé qui ne fait pas tout ce qu’il veut. »[2] C’est ainsi qu’on se pare de la piété.
De la même façon, le Prophète (paix et salut à lui) nous met en garde contre la tromperie qui annihile le jeûne : le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Celui qui ne renonce pas à la tromperie dans ses paroles et dans ses actes, Dieu n’a nul besoin qu’il renonce à manger et à boire. »[3]
La tromperie peut prendre différentes formes et englobe des actes divers. L’un d’eux est le faux témoignage devant la justice, un travers où certains peuvent tomber dans le but de servir les intérêts d’un ami ou d’un proche. Certains vont parfois jusqu’à en faire leur métier. Or, le faux témoignage est l’un des péchés majeurs les plus graves au regard de Dieu. D’après `Abd ar-Rahmân ibn Abî Bakra (que Dieu l’agrée), le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Vous informerai-je du plus grave des péchés majeurs ? », le répétant trois fois. On lui répondit : « Oui, Messager de Dieu. » Il dit alors : « C’est le faux témoignage. » Le rapporteur poursuit : Il continua à le répéter si longtemps que nous aurions voulu qu’il se taise.[4]
Le faux témoignage peut également survenir dans certaines situations de la vie sociale, comme lorsqu’on confirme la bonne moralité de quelqu’un à ceux qui se renseignent sur lui en vue d’un mariage. Déclarer que quelqu’un est vertueux alors qu’on sait que ce n’est pas le cas relève du faux témoignage. C’est porter préjudice à son frère musulman et à la fille de celui-ci. Il en est de même de celui qui se porte garant du caractère de quelqu’un dans le cadre d’un partenariat financier ou d’une transaction où de l’argent va lui être confié, alors qu’il n’en est pas digne.
Le faux témoignage dans le cadre d’élections est particulièrement grave en raison des conséquences qu’il entraîne. Il s’agit en effet de confier à quelqu’un la responsabilité des intérêts et des biens des gens. Voter pour quelqu’un qui n’a pas les qualités requises et qui n’est pas digne de confiance relève du faux témoignage. Celui qui commet cet acte ne peut même pas prétexter qu’il ne savait pas : s’il n’était pas sûr des qualités de la personne, pourquoi avoir voté pour elle ?
En raison de cette nature particulière du jeûne, Dieu dit dans un hadîth qudsî : « Tous les actes de l’enfant d’Adam lui appartiennent, à l’exception du jeûne : c’est à Moi qu’il appartient et c’est Moi qui le récompense… »[5] Le jeûne est un rapport particulier entre le croyant et Dieu, un lien auquel nul autre n’accède. C’est également là que réside son importance : l’acte de jeûner étant une relation avec Dieu seul, l’être humain n’a pas l’occasion de se soustraire à ses responsabilités. S’il manque à ses obligations, que dira-t-il à son Seigneur ?
Ce rapport particulier entre le croyant et Dieu durant le Ramadan est la clé d’un bonheur infini. Celui qui parvient à s’acquitter de ses devoirs obtiendra la félicité avec la permission de Dieu et jouira d’une immense récompense de la part de son Seigneur : « À ceux qui croient et accomplissent de bonnes actions, le Miséricordieux accordera l’amour. »[6] Pour pouvoir aspirer à cette récompense, il faudra être à la hauteur de nos responsabilités.
[1] Al-Bukhârî, Livre du jeûne, chapitre : « Doit-on dire qu’on jeûne à celui qui nous provoque » (1805) d’après Abû Hurayra (que Dieu l’agrée) – les termes cités sont les siens ; Muslim, Livre du jeûne, chapitre : « Le mérite du jeûne » (1151).
[2] Al-Baghawî, Sharh as-sunna, éd. Shu`ayb al-Arnâ’ût et Muhammad Zuhayr ash-Shâwîsh, al-Maktaba al-islâmiyya, Damas, Beyrouth, 14/341.
[3] Al-Bukhârî, Livre du jeûne, chapitre : « Celui qui ne renonce pas à la tromperie dans ses paroles et dans ses actes lors du jeûne » (1804), at-Tirmidhî (707), Abû Dâwud (2362), an-Nasâ’î (3245), Ibn Mâjah (1689), Ahmad (9838).
[4] Al-Bukhârî, Livre de l’éducation, chapitre : « L’ingratitude envers les parents fait partie des péchés majeurs » (5631) ; Muslim, Livre de la foi, chapitre : « Explication des péchés majeurs les plus graves » (87).
[5] Al-Bukhârî, Livre du jeûne, chapitre : « Doit-on dire qu’on jeûne à celui qui nous provoque » (1805) d’après Abû Hurayra (que Dieu l’agrée) ; Muslim, Livre du jeûne, chapitre : « Le mérite du jeûne » (1151).
[6] Sourate 19, Maryam, verset 96.
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