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Avant l’islam, les savants formaient une catégorie à part, séparée du reste de la population par un grand fossé
Avant l’islam, les savants formaient une catégorie à part, séparée du reste de la population par un grand fossé. Que ce soit en Perse, à Rome ou en Grèce, les savants vivaient à l’écart de la société : ils débattaient entre eux et se transmettaient le savoir les uns aux autres, tandis que la population demeurait dans une profonde ignorance. L’islam transforma totalement cette situation.
Le Prophète (paix et salut à lui) a en effet dit explicitement : « La recherche du savoir est un devoir pour tous les musulmans. »[1] La science devenait donc la préoccupation de tous, étant un devoir religieux prescrit à tout un chacun. Chaque musulman et chaque musulmane avait le devoir de s’instruire.
La vie du Prophète (paix et salut à lui) offre maints exemples de mise en pratique de cette vision du savoir. Ainsi, il accepta d’accorder la liberté aux prisonniers de la bataille de Badr à condition que chacun d’eux apprenne à dix habitants de Médine à lire et à écrire : cette démarche éclairée était totalement inconnue dans le monde de l’époque, et le demeura encore pendant des siècles.
L’islam ordonnait à ses adeptes d’accorder au savoir une place essentielle dans leur vie. Il leur ordonnait également d’honorer les savants, à tel point que le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Celui qui poursuit une voie où il recherche la science, Dieu le mènera sur une voie vers le Paradis. Les anges déploient leurs ailes pour plaire à celui qui recherche le savoir. Tous les hôtes des cieux et de la terre implorent le pardon divin pour le savant, jusqu’aux poissons au fond de l’eau. La supériorité du savant sur le dévôt est pareille à la supériorité de la pleine lune sur les autres astres. Les savants sont les héritiers des prophètes. Les prophètes ne laissent en héritage ni dinar ni dirhem : ils laissent le savoir, et celui qui le prend s’assure une part généreuse. »[2]
Cet essor du savoir au sein de la population se poursuivit après la mort du Prophète (paix et salut à lui) et donna des résultats extraordinaires, avec un niveau scientifique dont les Européens ne pouvaient que rêver. On se contentera ici de citer trois manifestations de cet engouement pour la science initié par l’islam :
– Les bibliothèques publiques : cette exhortation à rechercher le savoir, partie intégrante de la religion, a poussé les musulmans à fonder des bibliothèques publiques ouvertes à tous, où l’on venait lire gratuitement et copier ce que l’on voulait des divers ouvrages scientifiques. Les califes et les princes invitaient dans ces bibliothèques des étudiants de différents pays et les subventionnaient avec leur argent personnel. Ces bibliothèques étaient nombreuses dans toutes les villes du monde musulman[3], dont, parmi les plus célèbres, Bagdad, Cordoue, Séville, Le Caire, Jérusalem, Damas, Tripoli, Médine, Sanaa, Fès ou Kairouan.
– L’apparition de vastes assemblées savantes : avant l’islam, les savants ne parlaient pas avec la population ; mais après l’avènement de cette noble religion, des cercles de diffusion du savoir se sont développés dans toutes les régions du monde musulman. Ces assemblées attiraient parfois des foules inimaginables : ainsi, le cercle d’Ibn al-Jawzî[4] réunissait plus de cent mille personnes ! Les assemblées savantes d’al-Hasan al-Basrî, Ahmad ibn Hanbal, ash-Shâfi`î, Abû Hanîfa ou encore l’imam Mâlik jouissaient aussi d’une importante fréquentation. Il arrivait que plusieurs réunions savantes se tiennent simultanément dans une même mosquée : ici on parlait d’exégèse coranique, là de jurisprudence ; d’un côté de hadîth, d’un autre de théologie, d’un autre encore de médecine, etc.
– Les dépenses faites pour la science étaient considérées comme une aumône permettant de se rapprocher de Dieu : ceci encourageait les riches à dépenser de leurs biens pour construire des écoles ou des instituts savants, instituer des fondations pieuses pour subvenir aux besoins des étudiants, construire des bibliothèques, développer les écoles existantes… Les acteurs économiques participaient ainsi à l’essor de la science par leurs dépenses, aux côtés des savants eux-mêmes.
La science était donc une préoccupation générale pour laquelle la société tout entière se sentait concernée, la recherche du savoir étant un devoir religieux pour tout musulman. L’essor des bibliothèques et des assemblées savantes fut tel que l’illettrisme n’était plus qu’une exception.
[1] Rapporté par Ibn Mâjah (224), Abû Ya`lâ (2837), et as-Suyûtî dans al-Jâmi` as-saghîr ; classé comme authentique par le cheikh al-Albânî, voir Sahîh al-jâmi` (3913).
[2] Abû Dâwud, Livre de la science, chapitre : « L’exhortation à rechercher le savoir » (3641) ; at-Tirmidhî (2682) ; Ibn Mâjah (223) ; Ahmad (21763) ; Ibn Hibbân (88) ; considéré comme bon par Shu`ayb al-Arnâ’ût ; classé comme authentique par le cheikh al-Albânî, voir Sahîh al-jâmi` (6297).
[3] Un chapitre spécifique sera consacré aux bibliothèques et à l’instruction dans la civilisation musulmane.
[4] Ibn al-Jawzî, Abû l-Faraj `Abd ar-Rahmân ibn `Alî ibn Muhammad al-Qurashî at-Taymî (510-592H), juriste hanbalite, historien et encyclopédiste, auteur d’ouvrages dans diverses disciplines, mort à Bagdad. Voir adh-Dhahabî, Siyar a`lâm an-nubalâ’ 21/365.
Avant l’islam, les savants formaient une catégorie à part, séparée du reste de la population par un grand fossé. Que ce soit en Perse, à Rome ou en Grèce, les savants vivaient à l’écart de la société : ils débattaient entre eux et se transmettaient le savoir les uns aux autres, tandis que la population demeurait dans une profonde ignorance. L’islam transforma totalement cette situation.
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