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Le principe des équipes scientifiques est encore une nouveauté par laquelle les musulmans se sont distingués des savants antérieurs
Le principe des équipes scientifiques est encore une nouveauté par laquelle les musulmans se sont distingués des savants antérieurs. Pour la première fois dans l’histoire, des équipes scientifiques pluridisciplinaires firent leur apparition, réunissant des savants aux compétences diverses spécialisés dans différents domaines. La mise en commun de ces compétences complémentaires permettait d’importantes avancées scientifiques.
Les fils de Mûsâ ibn Shâkir (Muhammad, al-Hasan et Ahmad) ont été la première et la plus célèbre de ces équipes scientifiques dans l’histoire. Parmi ces trois savants déjà évoqués, Muhammad était spécialisé dans la géométrie, Ahmad dans l’astronomie et al-Hasan dans la mécanique. Ils ont rédigé ensemble un ouvrage intitulé al-Hiyal (Le Livre des dispositifs ingénieux) mettant en évidence le principe de l’équipe scientifique et du travail collectif basé sur l’entraide et la mise en commun des connaissances. L’ouvrage tout entier est rédigé à la première personne du pluriel.
Ainsi par exemple, Muhammad, al-Hasan et Ahmad écrivent : « Nous voulons expliquer comment nous fabriquons un pichet dans lequel une certaine quantité donnée sera versée, tel que si la moindre quantité de vin ou d’eau y est ajoutée, tout le contenu se déversera. »[1] « Nous voulons expliquer comment nous fabriquons une jarre munie d’un robinet ouvert, telle que tant que l’on y verse de l’eau, rien ne sort du robinet et lorsque l’on cesse de verser, l’eau se met à couler du robinet ; lorsque l’on se remet à verser, l’eau cesse à nouveau de couler, puis lorsqu’on cesse de verser elle coule à nouveau du robinet, et ainsi de suite… »[2] « Nous voulons expliquer comment nous fabriquons deux jets d’eau dont l’un jaillit un filet mince tandis qu’il jaillit de l’autre un flot abondant pendant un temps donné ; puis les jets s’inversent et celui qui donnait un mince filet fait sortir un flot abondant, tandis que celui qui donnait un flot abondant fait sortir un mince filet, pendant la même durée ; et cela se poursuit tant que les jets sont alimentés en eau. »[3]
On pourrait citer encore de nombreux autres exemples, illustrant l’esprit d’équipe des fils de Mûsâ ibn Shâkir et l’importance de ce travail collectif complémentaire dans le domaine scientifique.
Il est clair que cette complémentarité et la présence de ces compétences diverses chez ces frères leur ont permis de parvenir à des vérités scientifiques qu’il aurait été difficile de découvrir autrement que par les efforts conjoints de plusieurs savants de spécialités différentes : c’est le cas par exemple de la mesure précise du diamètre de la terre, ou encore de la fabrication de l’astrolabe géant qui permettait de calculer avec une grande précision les mouvements des astres.
Ces distingués savants ne furent pas les seuls à travailler en équipe. Ce mode de travail se retrouvait dans de nombreuses sciences : on connaît également des exemples remarquables de coopération entre des savants spécialisés dans la médecine, la pharmacologie, la botanique et la biologie, ou entre d’autres spécialisés dans la géologie, la géographie et l’astronomie, et ainsi de suite.
Le célèbre médecin ar-Râzî (Rhazès) a donné l’exemple de ce travail collectif dans son travail avec ses élèves. Voici comment Ibn an-Nadîm le montre à l’œuvre : « Ce savant remarquable, unique à son époque, a réuni les connaissances des sciences antiques et en particulier la médecine. Il voyageait dans différents pays… Il tenait séance au milieu de ses élèves, eux-mêmes accompagnés de leurs élèves, avec à leurs côtés d’autres élèves. Un malade venait et décrivait ses symptômes au premier groupe qu’il trouvait : soit ils avaient connaissance de son mal, soit il se dirigeait vers d’autres ; soit ceux-ci émettaient un avis juste, soit ar-Râzî prenait la parole. Il était généreux et bon envers les gens, plein de douceur avec les pauvres comme avec les riches. Il leur versait des salaires importants et les soignait. »[4]
Les élèves d’ar-Râzî constituaient en quelque sorte des équipes scientifiques : chaque équipe donnait son avis sur le cas exposé afin de parvenir à un diagnostic. Ar-Râzî supervisait l’ensemble, écoutait attentivement et donnait raison aux uns ou aux autres. Puis il élucidait avec eux les difficultés des cas.
Ce mode de travail n’était pas limité aux sciences de la vie : il existait également des équipes scientifiques dans les sciences religieuses. Ainsi, des juristes se réunissaient pour étudier des questions données avec l’aide de spécialistes du Coran, du hadîth, du droit ou de la théologie, etc. Ceci eut un impact important sur le dynamisme des sciences, favorisant leur éclosion rapide.
[1] Banû Mûsâ ibn Shâkir, Kitâb al-hiyal, éd. Ahmad Yûsuf al-Hasan et al., Ma`had at-turâth al-`ilmî al-`arabî, 1981, introduction de l’éditeur, p. 57.
[2] Ibid., p. 9.
[3] Kitâb al-hiyal, p. 356.
[4] Ibn an-Nadîm, al-Fihrist, p. 356.
Le principe des équipes scientifiques est encore une nouveauté par laquelle les musulmans se sont distingués des savants antérieurs. Pour la première fois dans l’histoire, des équipes scientifiques pluridisciplinaires firent leur apparition, réunissant des savants aux compétences diverses spécialisés dans différents domaines. La mise en commun de ces compétences complémentaires permettait d’importantes avancées scientifiques.
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