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La civilisation grecque antique représente pour beaucoup de penseurs un modèle de raffinement et de civilisation
La civilisation grecque antique représente pour beaucoup de penseurs un modèle de raffinement et de civilisation. Socrate, Platon, Aristote, sont les pères de la pensée universelle et autre penseurs et savants qui ont brillé dans les sciences, la philosophie etc… Mais qu’elle était l’état de cette civilisation dont l’Occident en a fait le modèle de la sienne ?
La civilisation grecque est considérée comme l’une des plus hautes civilisations de l’Antiquité. Les Grecs ont excellé dans les domaines de la philosophie, des sciences, des lettres et des arts. Ils ont produit des savants et des penseurs qui ont été les piliers de la pensée universelle, tels que Socrate[1], Platon[2], Aristote[3], et tant d’autres. Ces grands hommes ont assumé la charge de transmettre certaines vérités et de définir certains principes au sein de leur société, grâce à la réflexion logique et à la recherche des causes et des effets des phénomènes.
Malgré les avancées réalisées par la civilisation grecque dans les domaines de la philosophie et de la pensée, malgré son génie intellectuel inédit, cette civilisation a un jour connu le déclin. On comprendra mieux ce déclin en analysant ce que les savants grecs ont apporté à leur civilisation.
Considérons pour commencer la théorie développée par Platon dans sa République. Selon lui, la Cité idéale est constituée des philosophes, de la catégorie des soldats, et d’une troisième catégorie qui est celle des travailleurs et des cultivateurs. Le pouvoir est entre les mains des philosophes et les deux autres catégories n’y ont pas accès. Platon imagine pour la catégorie des soldats une organisation rigoureuse où l’individualité est totalement effacée. Les membres de l’armée n’ont pas droit à la propriété, ni à fonder une famille : ils n’ont ni épouses ni enfants, mais les femmes sont mises en commun entre tous les soldats et leurs enfants, ne connaissant pas leur père, sont les enfants de l’Etat. Quant aux membres de la troisième catégorie, celle des travailleurs et des cultivateurs, ils sont dans cette Cité idéale au service des gouvernants et de l’armée, et ne possèdent aucun droit. Les malades n’ont pas de place dans la cité de Platon : l’Etat les exile. Voilà comment Platon envisage la Cité idéale…[4]
Le grand philosophe Aristote se posait quant à lui la question de savoir si la nature prédisposait des gens à la servitude, de sorte que pour ces gens-là l’esclavage serait légitime et approprié. Il y répondait à l’affirmative : il était convaincu qu’il existait une catégorie destinée à commander et une autre destinée à être soumise. La catégorie supérieure devait dominer la catégorie inférieure, et la nature donnait habituellement, selon lui, un corps puissant aux esclaves tandis qu’elle dotait les hommes libres d’une plus grande intelligence et d’une pensée plus mûre. L’homme libre était donc naturellement préparé à commander, suivant la règle voulant que l’esprit commande le corps. Aristote s’opposait au principe de l’égalité des droits naturels : il pensait que la nature avait distingué les uns par leur intelligence et les autres par leur force physique ; qu’elle avait donné aux hommes libres des corps différents de ceux des esclaves et doté ces derniers de la force nécessaire à l’accomplissement des tâches pénibles tandis que la constitution équilibrée des hommes libres ne les disposait pas à de telles tâches : la nature avait préparé les hommes libres uniquement aux fonctions de la vie civile.[5]
La pensée grecque, si respectée de tous et considérée comme un des fondements de la sagesse, était donc loin d’être exemplaire. C’est ce que souligne Will Durant qui rappelle par exemple que les Grecs n’étaient pas des modèles de bonnes mœurs. Il l’explique par le fait que leur raffinement intellectuel avait éloigné une grande partie d’entre eux de leurs traditions morales, les transformant en individus quasiment amoraux. Ils ne faisaient preuve de désintéressement qu’envers leurs enfants, et il était rare qu’ils soient tourmentés par leur conscience ou qu’ils pensent à aimer leur prochain comme eux-mêmes.[6]
Le déclin progressif de la civilisation grecque s’est aussi traduit par l’abandon aux passions et la recherche effrénée du plaisir. Ce fut ce qui précipita la chute de leur civilisation : la dissolution des mœurs, et des excès comme ceux de ces philosophes qui prônaient le meurtre des enfants sous prétexte d’alléger la pression de la population sur les ressources alimentaires, en raison de la pauvreté des villes et de l’épuisement des terres.
On peut ainsi dire que l’abandon des règles morales et la tendance à l’égoïsme individualiste ont précipité le déclin de la civilisation grecque. Ménandre décrit dans ses pièces une société athénienne où la vie tournait autour de la frivolité et de la débauche : le déclin d’une telle société était dès lors prévisible.[7]
[1] Socrate (469-399 av. J.-C.), philosophe et maître grec né et mort à Athènes, l’un des premiers à développer le raisonnement, la philosophie et la logique.
[2] Platon ou Aristoclès (427-347 av. J.-C.), philosophe et maître grec, l’un des plus importants penseurs dans l’histoire de la culture grecque ; sa pensée est considérée comme le fondement de la philosophie occidentale. La République est l’un de ses ouvrages les plus célèbres.
[3] Aristote (384-322 av. J.-C.), philosophe grec élève de Platon et précepteur d’Alexandre le Grand, est l’auteur de nombreux ouvrages sur des thèmes comprenant la logique, la physique, la poésie, les sciences du vivant et l’art de gouverner.
[4] Voir à ce sujet Ahmad Shalabî, Mawsû`at al-hadâra al-islâmiyya 1/54.
[5] Voir Ghânim Muhammad Sâlih, al-Fikr as-siyâsî al-qadîm wal-wasît, pp. 109-110.
[6] D’après Will Durant, The Story of Civilization, 7/93 et suiv.
[7] Voir Shawqî Abû Khalîl, Al-hadâra al-`arabiyya al-islâmiyya wa-mûjaz `an al-hadârât as-sâbiqa, p. 86.
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