Short Description
La justice fait partie des valeurs humaines fondamentales prônées par l’islam, qui en fait une des bases de la vie individuelle, familiale, sociale et politique.
La justice fait partie des valeurs humaines fondamentales prônées par l’islam, qui en fait une des bases de la vie individuelle, familiale, sociale et politique.
Le Coran fait de l’instauration de l’équité, c’est-à-dire de la justice, l’objectif de toutes les révélations divines. Dieu dit : « Nous avons certes envoyé Nos messagers avec les preuves décisives et Nous avons révélé avec eux l’Écriture et la Balance afin que les gens pratiquent l’équité. »[1] La meilleure preuve de l’importance primordiale de la justice et de l’équité est donc que c’est l’objectif premier pour lequel Dieu a envoyé Ses prophètes et révélé Ses Ecritures. C’est pour la justice que les Ecritures ont été révélées et que les messagers ont été envoyés, et c’est la justice qui fonde les cieux et la terre.[2]
Nous enjoignant clairement de pratiquer et d’instaurer la justice même si nous détestons ceux que nous devons juger, Dieu dit dans le Coran : « Ô vous qui croyez ! Soyez fermes dans la pratique de la justice, témoins devant Dieu même à votre détriment et à celui de vos parents et de vos proches. »[3] Il dit également : « O croyants ! Soyez fermes dans vos devoirs envers Dieu, témoins en toute équité. Que l’aversion que vous éprouvez pour certaines personnes ne vous incite pas à être injustes ! Soyez justes, cela est plus proche de la piété. Craignez Dieu : Dieu est parfaitement informé de ce que vous faites. »[4] Ibn Kathîr[5] explique ainsi ce verset : « La haine que vous portez à des gens ne doit pas vous conduire à les traiter injustement ; il faut pratiquer la justice avec tout le monde, les amis comme les ennemis. »[6]
Une justice sans compromis
La justice n’a pas, en islam, à être influencée par l’amour ou la haine, ni par le nom et la lignée, ni par le prestige et l’argent, pas plus qu’elle ne fait de différence entre musulmans et non-musulmans. Elle s’applique également à tous, musulmans et non-musulmans, et quels que puissent être les sentiments d’affection ou de haine entre eux.
Lorsque Usâma ibn Zayd essaya d’intercéder en faveur d’une femme noble de la tribu des Banû Makhzûm afin qu’on ne lui coupe pas la main pour un vol, le Prophète (paix et salut à lui) se mit très en colère puis fit un discours où il expliqua clairement la position de l’islam quant à la justice et son égal traitement de tous les membres de la société quel que soit leur statut. Il dit entre autres durant ce discours : « Ceux qui vous ont précédés ont été ruinés parce que lorsqu’un noble volait ils le laissaient aller tandis que si un faible volait ils lui appliquaient la peine prévue. Par Dieu, si Fâtima bint Muhammad avait volé, je lui couperais la main. »[7]
L’imam Ahmad rapporte d’après Jâbir ibn `Abdallâh (que Dieu l’agrée) : Dieu octroya Khaybar en butin au Prophète (paix et salut à lui), et il y laissa rester les habitants à condition que les récoltes soient divisées entre eux et lui. Il envoya `Abdallâh ibn Rawâha qui effectua le partage et leur dit : « Ô juifs, vous êtes les gens que je déteste le plus, vous avez tué les prophètes de Dieu et vous avez menti au sujet de Dieu, mais ma haine à votre égard ne me pousse pas pour autant à être injuste envers vous. » Ils répondirent : « C’est sur cela que les cieux et la terre sont fondés, nous acceptons. »[8]
Malgré la haine que `Abdallâh ibn Rawâha portait manifestement aux juifs, il n’a pas été injuste envers eux et leur a dit clairement qu’il ne les spolierait pas de ce qui leur revenait et qu’ils pouvaient prendre celle des deux parts de la récolte de dattes qu’ils voulaient.
Voilà la conception islamique de la justice. C’est la balance de Dieu sur terre, qui permet au faible d’obtenir son dû, à l’opprimé d’obtenir réparation, et qui permet à chacun d’accéder à ses droits le plus simplement du monde. Cette valeur fondamentale de la société musulmane dérive directement du credo de l’islam. Dans la société musulmane, tout un chacun se voit garantir le droit à la justice.
Une justice dans les actions et les propos
L’islam ne prescrit pas seulement de pratiquer la justice envers les gens quels qu’ils soient, comme nous l’avons vu ci-dessus, sans se laisser influencer par les sentiments d’affection ou d’aversion ; cette pratique de la justice doit commencer par soi-même. Il est en effet prescrit au musulman de trouver l’équilibre entre les droits de sa propre personne, les droits de Dieu et les droits des autres. Ceci apparaît clairement dans le hadîth où le Prophète (paix et salut à lui) a confirmé le reproche adressé par Salmân al-Fârisî à son frère Abû ad-Dardâ qui négligeait les droits de son épouse en passant ses jours à jeûner et ses nuits à prier : « Ton Seigneur a des droits sur toi, ta personne a des droits sur toi, ta famille a des droits sur toi : donne à chacun son dû. »[9]
L’islam ordonne également la justice dans les paroles ; Dieu dit : « Lorsque vous parlez soyez équitables, même s’il s’agit d’un proche. »[10] Il ordonne la justice dans les jugements : « Dieu vous ordonne de transmettre les dépôts à leurs récipiendaires et lorsque vous jugez entre les gens, de juger selon la justice. »[11] Il ordonne la justice dans les trêves et les traités : « Et si deux groupes de croyants se combattent, rétablissez la concorde entre eux ; et si un groupe agresse l’autre, combattez l’agresseur jusqu’à ce qu’il se conforme à l’ordre de Dieu ; et s’il s’y conforme, rétablissez la concorde entre eux avec justice, et soyez équitables : car en vérité, Dieu aime ceux qui sont équitables. »[12]
Tout comme l’islam ordonne la justice et incite à la pratiquer, il interdit formellement l’injustice et prend toutes les mesures pour lutter contre elle, qu’il s’agisse d’injustice envers soi-même ou envers les autres, surtout l’injustice des forts envers les faibles, des riches envers les pauvres, ou des gouvernants envers leurs administrés. Chaque fois que quelqu’un est en position de faiblesse, l’injustice envers lui est un péché d’autant plus grave.[13] Dieu dit dans un hadîth qudsî : « Mes serviteurs, Je Me suis interdit l’injustice et Je l’ai déclarée illicite entre vous : ne soyez pas injustes les uns envers les autres. »[14] Le Prophète (paix et salut à lui) a dit à Mu`âdh : « Prends garde à l’invocation de l’opprimé, car rien ne s’interpose entre elle et Dieu. »[15] Il a dit également : « Il est trois personnes dont l’invocation n’est pas rejetée : le jeûneur jusqu’à ce qu’il rompe son jeûne, le chef juste, et l’invocation de l’opprimé : Dieu l’élève au-dessus des nuages et lui ouvre les portes des cieux, et le Seigneur dit : ‘Par Ma puissance, Je t’accorderai la victoire ne serait-ce qu’après un délai.’ »[16] Telle est la justice : c’est la balance des cieux dans la société musulmane.
[1] Sourate 57, al-Hadîd, verset 25.
[2] Yûsuf al-Qaradâwî, Malâmih al-mujtama` al-muslim al-ladhi nanshuduhu, p. 133.
[3] Sourate 4, an-Nisâ’, verset 135.
[4] Sourate 5, al-Mâ’ida, verset 8.
[5] Abû al-Fidâ’ Ismâ`îl Ibn Kathîr ad-Dimashqî (701-774H/1302-1373), hâfiz, historien et juriste, né dans un village de Syrie et mort à Damas, auteur entre autres de al-Bidâya wan-nihâya. Voir al-Husaynî, Dhayl tadhkirat al-huffâz pp. 57-58.
[6] Ibn Kathîr, Tafsîr al-Qur’ân al-`azîm, 2/43.
[7] Al-Bukhârî, Livre des prophètes, chapitre des Gens de la Caverne (3288) ; Muslim, Livre des sanctions pénales, chapitre : « Le fait de couper la main du voleur, qu’il soit noble ou pas » (1688).
[8] Rapporté par Ahmad dans son Musnad (14996) avec une chaîne authentifiée par Shu`ayb al-Arnâ’ût ; al-Bayhaqî dans as-Sunan al-kubrâ (7230) ; at-Tahâwî dans Sharh ma`ânî al-âthâr (2856) ; `Abd ar-Razzâq dans al-Musannaf (7202) ; déclaré authentique par al-Albânî, voir Ghâyat al-marâm (459).
[9] Al-Bukhârî, Livre du jeûne, chapitre : « Le fait de faire rompre à son frère un jeûne surérogatoire et de ne pas considérer qu’il doive le remplacer » (1832) ; at-Tirmidhî (2413).
[10] Sourate 6, al-An`âm, verset 152.
[11] Sourate 4, an-Nisâ’, verset 58.
[12] Sourate 49, al-Hujurât, verset 9.
[13] Voir Yûsuf al-Qaradâwî, Malâmih al-mujtama` al-muslim al-ladhi nanshuduhu, p. 135.
[14] Rapporté par Muslim d’après Abû Dharr (que Dieu l’agrée), Livre de la piété filiale, des liens familiaux et de l’éducation, chapitre : « L’interdiction de l’injustice » (2577) ; Ahmad (21458) ; al-Bukhârî dans al-Adab al-mufrad (490) ; Ibn Hibbân (619) ; al-Bayhaqî dans Shu`ab al-îmân (7088) et as-Sunan al-kubrâ (11283).
[15] Al-Bukhârî, Livre des campagnes militaires, chapitre : « L’envoi de Mu`âdh et Abû Mûsâ au Yémen avant le pèlerinage d’adieu » (4000) ; Muslim, Livre des serments, chapitre : « L’appel à la profession de foi et aux rites de l’islam » (27).
[16] At-Tirmidhî, Livre des invocations, chapitre : « Le pardon et le salut » (3598) – hadîth classé comme bon ; Ibn Mâjah (1752) ; Ahmad (8030), hadîth considéré par Shu`ayb al-Arnâ’ût comme authentique de par ses voies de transmission et les récits qui le confirment.
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