Short Description
Hind bint `Utba faisait partie des femmes qui avaient longuement combattu l’islam.
Hind bint `Utba faisait partie des femmes qui avaient longuement combattu l’islam. Son opposition avait duré des années et laissé des souvenirs douloureux dans la mémoire des musulmans, et même dans celle du Prophète (paix et salut à lui) personnellement.
Hind était l’épouse d’Abû Sufyân (qu'Allah l’agrée) et la fille de `Utba ibn Rabî`a le célèbre chef de Quraysh. Elle faisait partie des gens qui détestaient le plus les musulmans. Sa haine était profonde dès les premiers temps de l’islam, mais elle s’intensifia encore après la bataille de Badr, où en un seul jour elle perdit son père `Utba ibn Rabî`a, son oncle Shayba ibn Rabî`a, son fils Hanzala ibn Abî Sufyân et son frère al-Walîd ibn `Utba.
Ces quatre hommes étaient les plus proches membres de sa famille et faisaient tous partie des chefs de Quraysh. Cet épisode engendra en elle une haine sans pareille, qu’elle conserva depuis Badr jusqu’à la prise de La Mecque. Elleétait parmi les femmes qui avaient accompagné l’armée des mécréants lors de la bataille d’Uhud : elle incitait les Mecquois au combat contre les musulmans et lorsque, au début de la bataille, l’armée recula devant les musulmans, elle jeta de la poussière au visage des fuyards pour les inciter à retourner à la charge, et elle ne s’enfuit pas comme le faisaient les hommes !
Après la victoire des Mecquois sur les musulmans dans la phase finale de la bataille d’Uhud, elle commit un acte atroce : elle se mit à mutiler l’un après l’autre les cadavres des musulmans, leur coupant les oreilles et le nez. Arrivée à Hamza ibn `Abd al-Muttalib, l’oncle du Prophète (paix et salut à lui), elle l’éventra et dans sa haine effrénée elle lui arracha le foie et en mâcha un morceau, avant de le recracher !
Cet épisode causa beaucoup de peine au Prophète (paix et salut à lui) et laissa dans son cœur une profonde blessure.
Abû Hurayra (qu'Allah l’agrée) a rapporté : Le Prophète (paix et salut à lui) se tint debout près de Hamza dont le corps avait été mutilé. Aucun spectacle n’aurait pu lui être aussi pénible. Il dit : « Allah te fasse miséricorde, mon oncle. Tu étais généreux envers tes proches et tu faisais beaucoup de bien. »[1]
On imagine la colère que le Prophète (paix et salut à lui) éprouvait à l’égard de Hind.
Hind bint `Utba accompagna également les armées polythéistes lors de la campagne des Coalisés. Elle continua à lutter contre les musulmans jusqu’aux derniers instants avant la prise de La Mecque, s’opposant même à son époux qui demandait aux Mecquois de rentrer dans leurs maisons afin que le Prophète (paix et salut à lui) leur accorde la sécurité. Ellealla jusqu’à inciter les Mecquois à tuer son époux Abû Sufyân devant sa détermination à se soumettre au Prophète (paix et salut à lui), les exhortant à se battre.[2]
Cette femme avait donc un long passé d’acharnement féroce contre les musulmans.
Après ce long périple d’obstruction à la voie d'Allah, le Prophète (paix et salut à lui) entra victorieux à La Mecque et les habitants arrivèrent de toutes parts pour déclarer leur allégeance à l’islam…
Hind arriva de loin elle aussi, le visage voilé, dissimulant ainsi ses traits afin que le Prophète (paix et salut à lui) ne la reconnaisse pas.
Les femmes prêtant serment d’allégeance juraient de ne rien associer à Allah, de ne pas voler, de ne pas forniquer, de ne pas tuer leurs enfants, de ne pas forger de calomnie sans fondement, et de ne pas désobéir au Prophète (paix et salut à lui) dans le bien.
En venant prêter le serment d’allégeance, il est clair que Hind bint `Utba cherchait à échapper à une condamnation à mort qui paraissait inévitable.
Mais la situation était bien loin de ce que les gens pouvaient imaginer. Que fit le Prophète (paix et salut à lui) ?
Les femmes commencèrent à prononcer le serment d’allégeance, le Prophète (paix et salut à lui) leur disant : « Prêtez-moi serment de ne rien associer à Allah. »
Hind, le visage voilé, fit remarquer sans que le Prophète (paix et salut à lui) ne puisse la reconnaître : « Tu nous demandes de prêter serment sur des choses que tu ne demandes pas aux hommes. »
En effet, le serment des femmes était plus détaillé tandis que les hommes ne prononçaient qu’un serment simple.
Cependant le Prophète (paix et salut à lui) ne se retourna pas à cette remarque mais poursuivit : « De ne pas voler. »
Hind se leva alors et dit : « Messager d'Allah, Abû Sufyân est un homme avare qui ne me donne pas assez pour subvenir à mes besoins et ceux de mes enfants : me sera-t-il fait reproche si je me sers dans ses biens sans qu’il le sache ? »
Le Prophète (paix et salut à lui) répondit : « Prends ce qui te suffit ainsi qu’à tes enfants, de manière raisonnable. »[3]
Puis le Prophète (paix et salut à lui) se rendit compte que celle qui venait de parler était Hind l’épouse d’Abû Sufyân, et il lui dit : « Tu es bien Hind bint `Utba ?
– Oui, répondit-elle Hind bint `Utba. Pardonne le passé, qu'Allah te pardonne. »
C’était là un moment décisif dans la vie de Hind bint `Utba.
Qu’allait faire le Prophète (paix et salut à lui), se rappelant à ce moment sa longue histoire, et se rappelant ce qu’elle avait fait à Hamza ibn `Abd al-Muttalib ?
Conformément à son habitude et à sa nature, le Prophète (paix et salut à lui) fit preuve de pardon et de magnanimité. Il n’évoqua pas même d’un mot tous ces douloureux souvenirs, il renonça à tous ses droits et accepta tout simplement la conversion de Hind, continuant sans manifester d’émotion à recevoir le serment d’allégeance des femmes :
Le Prophète (paix et salut à lui) poursuivit : « De ne pas forniquer »…
Hind continua à émettre des objections ; elle demanda : « Messager d'Allah, est-ce qu’une femme libre fornique ? »
Le Prophète (paix et salut à lui) ne s’interrompit pas, il dit ensuite : « De ne pas tuer vos enfants. »
Hind remarqua encore : « Nous les avons élevés quand ils étaient petits et vous les avez tués quand ils sont devenus adultes : nous as-tu laissé des enfants sans les tuer le jour de Badr ? Tu as tué les pères à la bataille de Badr et maintenant tu nous fais des recommandations en faveur de leurs enfants ! »
Le Prophète (paix et salut à lui) ne réagit pas. Il s’abstint de répondre : « Et pourquoi nous avez-vous combattus à Badr ? Cette bataille n’a-t-elle pas eu lieu parce que les polythéistes – et parmi eux ton père, ton oncle, ton mari et ton fils – se sont battus contre nous jour et nuit pour nous empêcher de pratiquer notre religion, nous ont opprimés et torturés et se sont approprié nos maisons et nos biens ? »
Le Prophète (paix et salut à lui) ne dit rien de tout cela. Au contraire, sa réaction fut étonnante.
Le Prophète (paix et salut à lui) sourit sans rien dire. Il prit les choses simplement, comprenant combien il était difficile à Hind d’accepter l’islam. Il poursuivit : « De ne pas forger de calomnie entre vos mains et vos pieds.
– Par Allah, répliqua Hind, la calomnie est une mauvaise chose.
– De ne pas me désobéir dans le bien, poursuivit-il.
– Nous ne sommes pas venues ici dans l’intention de te désobéir dans le bien, rétorqua encore Hind. »[4]
Toutes les femmes de La Mecque prononcèrent ainsi le serment d’allégeance, y compris Hind bint `Utba (qu'Allah l’agrée).
Gloire à Celui qui retourne les cœurs ! Hind bint `Utba devint une bonne musulmane. Comme auparavant elle accompagnait les armées mécréantes pour les exhorter contre les musulmans, elle se mit à accompagner les armées musulmanes pour les exhorter au combat contre les mécréants !
Un épisode particulièrement remarquable eut lieu lors de la bataille de Yarmouk : en encourageant les soldats à combattre dans la voie d'Allah et à plonger dans la bataille contre l’armée gigantesque de deux cent mille Byzantins, elle fut l’une des principales causes de cette grande victoire.
Hind bint `Utba (qu'Allah l’agrée) fut un apport considérable à la communauté musulmane grâce à cette attitude extraordinaire du Prophète (paix et salut à lui) : combien d’ennemis l’attitude du Prophète (paix et salut à lui) transforma en les plus sincères des amis !
[1] Ibn al-Athîr, Asad al-ghâba, 1/604.
[2] Voir Ibn Kathîr, al-Bidâya wan-nihâya, 4/324.
[3] Al-Bukhârî, Livre des ventes, chapitre : « Les usages des provinces en matière de vente et de salaire » (2059) : les termes cités sont les siens ; Muslim, Livre des jugements, chapitre : « Le cas de Hind » (1714).
[4] Voir Ibn Kathîr, al-Bidâya wan-nihâya, 4/354-355.
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