Short Description
Nous avons connu de nombreux mois de Ramadan, très nombreux même. Mais combien sont restés dans notre mémoire ?
Nous avons connu de nombreux mois de Ramadan, très nombreux même. Mais combien sont restés dans notre mémoire ? Combien étaient beaux et porteurs des plus doux souvenirs ?
Pas beaucoup, peut-être. Certains peut-être fouilleront leur mémoire sans y trouver de Ramadan pouvant être qualifié de « plus beau Ramadan ».
Plus on avance en âge et plus l’âme aspire à faire une pause durant le Ramadan et à profiter de ses fruits ; à ressentir la douceur de l’adoration, l’apaisement de la récitation du Coran, la joie de se tenir devant Dieu en prière durant les veillées nocturnes, la certitude de la récompense divine lorsqu’on donne l’aumône et qu’on se préoccupe de la situation des nécessiteux.
Il faut donc que le prochain Ramadan qui s’annonce soit le plus beau Ramadan de ma vie, celui dont je me souviendrai toujours et avec lequel je voudrais me présenter devant Dieu le Jour du Jugement en espérant Sa satisfaction et l’agrément de mes bonnes actions.
Pour clarifier cette idée, je souhaite évoquer ici un exemple tiré de ma propre expérience. Bien que j’aie, par la grâce de Dieu, accompli la `umra à de multiples reprises, une `umra en particulier est restée dans mon cœur et dans mon souvenir, bien qu’elle n’ait duré que cinq jours. En effet, elle se distinguait, me semble-t-il, par trois caractéristiques :
La première était l’aspiration véritable à satisfaire Dieu et à obtenir la plus grande récompense possible : c’est ce qu’on peut appeler le dévouement sincère. Dieu dit à ce propos : « Celui qui a créé la mort et la vie pour vous éprouver [et faire apparaître] lequel d’entre vous agit le mieux. »[1]
Al-Fudayl ibn `Iyâd écrit en commentaire de ce verset : « La meilleure action est la plus sincère et la plus juste. Une action n’est pas agréée si elle n’est pas sincère et juste. L’action est sincère lorsqu’elle est accomplie pour Dieu et juste lorsqu’elle est conforme à la sunna. »[2]
De même, le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Les actes ne valent que par leur intention et chacun n’obtiendra que ce dont il a eu l’intention. »[3]
Le Prophète (paix et salut à lui) a dit également : « Il est trois choses qui empêchent le cœur du musulman de se ternir : vouer les actes à Dieu, servir fidèlement les chefs des musulmans et rester solidaire de leur communauté car l’invocation se répand autour d’eux. »[4]
Dès le début du voyage et même avant, je ne considérais pas cette `umra de la façon habituelle, moi qui avais coutume d’accomplir la `umra chaque année. Je l’accomplirais comme d’habitude, mais en m’attachant à ne rechercher que la satisfaction divine et à mettre à profit chaque instant de ce séjour pour atteindre ce but. Ces cinq jours devaient être parfaitement purs. C’est ainsi que grâce à Dieu, je me rappelle les moindres détails de cette `umra et tout ce que j’ai fait chaque jour. C’est sans doute, si Dieu le veut, le dévouement sincère à Dieu qui lui a donné cette saveur particulière.
La seconde caractéristique était l’effort constant, allant jusqu’à l’épuisement, pour accomplir des actions pieuses. Il s’agissait par exemple de ne pas seulement accomplir les prières en commun, mais de les accomplir toujours au premier rang dans les lieux saints ; de faire sept fois le tour de la Ka`ba à chaque fois que j’entrais dans la mosquée sacrée, et non pas seulement lors de l’arrivée pour accomplir le rite de la `umra : ceci présente une grande difficulté mais c’est une sunna remontant au Prophète (paix et salut à lui).
La troisième était l’inventivité : je me souviens par exemple que nous nous attachions à suivre tous les convois funéraires partant de la mosquée du Prophète (paix et salut à lui) jusqu’au cimetière d’al-Baqî`, que nous rendions visite aux malades dans les hôpitaux et que nous avons complété la lecture du Coran durant les cinq jours de cette `umra.
Ce sont, à mon avis, ces trois caractéristiques qui ont donné à cette `umra une saveur particulière et qui l’ont gravée dans nos mémoires. Les fatigues liées aux actions pieuses se sont dissipées et leur mérite reste, si Dieu le veut. Les efforts, les longues veillées sont passés ; de même, si nous avions accompli cette `umra dans le confort, cela serait passé également : nous ne nous en souviendrions pas, mais ce serait le fait de ne pas l’avoir accomplie pleinement qui resterait.
Nous avions limité le temps passé aux achats pour réserver plus de temps aux efforts dans les actions pieuses, tout en achetant quand même des cadeaux afin de faire plaisir à nos familles et d’en retirer une récompense divine. De même, nous avions fait des aumônes aux nécessiteux dans l’espoir de cette récompense, et nous leur avions rendu visite chez eux sur les indications de certains frères sur place.
Comme ces trois caractéristiques ont fait de cette `umra la plus belle des `umra, je souhaite que le Ramadan qui arrive soit également, sur le même modèle, le plus beau Ramadan. Pour cela, voici ce qu’il faut faire :
- Ancrer dans nos cœurs le dévouement sincère à Dieu avant l’arrivée de ce mois, en formulant l’intention que ce mois pèse lourd dans la balance de nos bonnes actions. Une ferme résolution devra être prise avant l’arrivée du mois.
- Accomplir le plus possible de pratiques cultuelles et d’actions pieuses, jusqu’à nous épuiser. Ceci n’est pas en contradiction avec les hadîth prônant la facilité, comme le hadîth rapporté par Abû Hurayra selon lequel le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « La religion est facilité. Nul ne rivalisera avec la religion sans qu’elle ne le vainque. Restez dans le juste milieu, rapprochez-vous (de la perfection) et réjouissez-vous. Aidez-vous de vos allées et venues à la mosquée le matin, le soir et à la fin de la nuit. »[5] En effet, il s’agit ici d’un seul mois de l’année et d’atures hadîth exhortent à multiplier les actions pieuses à des moments particuliers. Ainsi, `Aïsha (que Dieu l’agrée) rapporte : « Le Prophète (paix et salut à lui) faisait plus d’efforts durant les dix derniers jours qu’à tout autre moment. »[6] D’ailleurs, le Prophète (paix et salut à lui) n’épargnait pas ses efforts toute l’année durant, adorant Dieu jusqu’à l’épuisement. Le Coran évoque ses veillées nocturnes : « Certes, ton Seigneur sait que tu veilles en prière près des deux-tiers de la nuit, ou la moitié, ou le tiers, ainsi qu’une partie de ceux qui te suivent. »[7] De même, `Aïsha (que Dieu l’agrée) rapporte que le Prophète (paix et salut à lui) restait si longtemps debout en prière la nuit que ses pieds se fendaient ; `Aïsha lui demanda : « Pourquoi fais-tu cela, Messager de Dieu, alors que Dieu t’a pardonné à l’avance tous tes péchés ? » Il répondit : « Est-ce que je ne souhaite pas être un serviteur reconnaissant ? » Lorsqu’il s’alourdit, il se mit à prier assis ; avant l’inclinaison, il se relevait, récitait puis s’inclinait.[8]
Ainsi, le Prophète (paix et salut à lui) priait la nuit même lorsqu’il était devenu âgé et qu’il était obligé d’accomplir ses prières nocturnes assis : jamais il ne renonça aux veillées nocturnes. Nous devons donc porter sur la sunna un regard équilibré, et tenir compte de ce verset et de ce hadîth en même temps que du hadîth « La religion est facilité. »
- Faire preuve d’inventivité en nous fixant des objectifs que nous ne nous étions pas fixés lors des mois de Ramadan précédents. Je propose ici quatre objectifs :
1. Qu’à l’issue du Ramadan, Dieu ait pardonné tous nos péchés : il s’agit de formuler l’intention de sortir du Ramadan cette année débarrassé de tout péché.
2. D’avoir à la fin du Ramadan atteint la piété, et acquis les qualités définissant les êtres pieux.
3. De se réconcilier, en mettant fin à tout problème entre soi-même et ses proches, ses amis ou ses collègues et en réconciliant également les personnes qu’une dispute oppose.
4. De se rapprocher de Dieu : alors qu’une certaine distance nous séparait de Dieu, nous devrons nous en être rapprochés à l’issue de ce mois.
La définition d’objectifs clairs est un pas essentiel pour y parvenir, mais il est encore plus essentiel de s’appliquer sans relâche à les réaliser et de recourir aux moyens pratiques qui le permettent. Si nous parvenons à réaliser ces objectifs, nous pouvons espérer que le Ramadan qui arrive sera pour nous, si Dieu le veut,
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