Short Description
Parmi les civilisations qui marqua l’Histoire, il y avait celle des perses, ennemi et concurrent des grecs puis des romains, dont l’empire fut immense et le rayonnement militaire,
Parmi les civilisations qui marqua l’Histoire, il y avait celle des perses, ennemi et concurrent des grecs puis des romains, dont l’empire fut immense et le rayonnement militaire, administratif et matériel fut exceptionnel et le zoroastrisme fut la religion centrale dominatrice de leur pensée dont Kant plus tard en fera un modèle de pensée philosophique. Mais qu’elles sont les causes de leur décadence ?
Les Perses ont fondé un vaste empire et une civilisation florissante. Ils se sont partagés avec les Romains la domination du monde civilisé. Leur civilisation a connu son apogée à l’époque de l’empire sassanide, à partir du milieu du troisième siècle av. J.-C., et s’est particulièrement distinguée dans le domaine administratif, dans le domaine militaire et dans tout ce qui concerne le luxe et le confort. Les Perses avaient une religion officielle, le zoroastrisme, et une langue littéraire, le pehlevi.[1]
Sur le plan religieux, les Perses de la haute antiquité adoraient un Dieu unique. Par la suite ils se sont mis à vénérer le soleil, la lune, les étoiles et les corps célestes comme d’autres peuples antiques. Zoroastre apparut au VIIème siècle avant J.-C. comme un réformateur social et entreprit de réformer la religion. Considérant que la lumière divine rayonne de tout ce qui brille ou qui brûle dans l’univers, il décida qu’il fallait prier en direction du soleil et du feu car leur lumière symbolisait le divin. Il ordonna également de préserver la pureté des quatre éléments, le feu, l’air, la terre et l’eau. Après lui, les règles du zoroastrisme furent codifiées. Il fut interdit aux adeptes d’occuper des fonctions les mettant en contact avec le feu et ils se limitèrent à l’agriculture et au commerce. Cette glorification du feu et le fait qu’on priait dans sa direction conduisirent peu à peu les gens à l’adorer : ils finirent par lui vouer un culte et lui édifier des temples. Le culte du soleil se substitua alors à toutes les autres croyances et pratiques religieuses.[2]
Puisque le feu ne peut révéler de loi à ses adeptes ni leur envoyer de prophètes, puisqu’il ne peut intervenir dans leur vie ni châtier les transgresseurs ou les pécheurs, la religion des zoroastriens se limita à des rites et des traditions pratiqués dans des lieux précis à des moments précis. En dehors de ces lieux de culte, cependant, dans leur comportement comme dans l’exercice du pouvoir, ils étaient libres d’agir comme bon leur semblait, selon leurs passions, leurs idées ou leurs intérêts, comme l’ont toujours fait les idolâtres où qu’ils se trouvent.[3]
Par ailleurs, une grande confusion morale régnait depuis les temps anciens. La question de l’inceste, prohibé par la plupart des peuples, faisait encore débat : on sait que Yazgard II qui régna à la fin du Vème siècle épousa sa fille puis la tua, et que Bahram Chubin qui régna au VIème siècle était marié à sa sœur. Le Dr Arthur Christensen, professeur de langues orientales à l’Université de Copenhague au Danemark et spécialiste de l’histoire iranienne, écrit dans son livre L’Iran sous les Sassanides : « Les historiens contemporains de l’époque sassanide reconnaissent l’existence des mariages incestueux chez les Perses. On en trouve des exemples dans l’histoire de l’époque sassanide. De tels mariages n’étaient pas considérés comme des transgressions mais comme des actes vertueux par lesquels on se rapprochait de Dieu. C’est sans doute à cela que le voyageur chinois Xuanzang faisait allusion lorsqu’il écrivait que les Iraniens se mariaient sans faire d’exception. »[4]
Au troisième siècle apr. J.-C., un mouvement réformiste mené par Mani s’opposa à l’abandon moral qui régnait dans le pays. Pour lutter contre la débauche, Mani appelait au célibat et prohibait le mariage et la paternité dans un but d’anéantissement de l’individualité. Il fut exécuté en 276 apr. J.-C. par le souverain sassanide Bahram qui, voyant dans son message un appel à la destruction du monde, préférait le voir disparaître avant que ce qu’il prônait ne se réalise. Mani mourut donc mais ses enseignements subsistèrent jusque après l’implantation de l’islam en Perse.[5]
Le tempérament naturel des Perses les poussa à rejeter les enseignements austères de Mani pour s’identifier à la prédication de Mazdak[6]. Né en 487 apr. J.-C., Mazdak prêchait que les hommes naissaient égaux, sans distinction entre eux, et devaient vivre de même. Comme les biens matériels et les femmes suscitaient la convoitise, Mazdak souhaitait qu’ils soient mis en commun pour que chacun y ait un égal accès. Ash-Shahrastânî explique : « Il fit mettre en commun des femmes et les biens, comme on partageait l’eau, le feu et les pâturages. »[7]
Cet enseignement fut bien accueilli chez les jeunes et les riches car il correspondait à leurs désirs. Il bénéficiait également de la protection de la cour : Kavadh[8] lui apporta son soutien et œuvra à sa diffusion, conduisant le pays à une période de dissolution des mœurs où les passions régnaient sans frein. At-Tabarî relate les événements suivants : « Les gens malhonnêtes tirèrent parti de la situation et se rallièrent à Mazdak pour opprimer les gens. Ils devinrent si puissants qu’ils pouvaient entrer chez un homme et s’approprier sa maison, ses femmes et ses biens sans qu’il puisse s’y opposer. Ils poussèrent Kavadh à approuver leurs agissements en menaçant de le destituer. En peu de temps, la confusion devint telle qu’un père ne savait pas qui étaient ses enfants, ni un enfant qui était son père, et que personne ne possédait plus rien. »[9]
Les empereurs perses prétendaient en outre qu’un sang divin coulait dans leurs veines et que leur nature comportait des éléments supérieurs et sacrés. Les Perses le croyaient et les traitaient comme des dieux : ils leur offraient des sacrifices et étaient convaincus qu’eux seuls pouvaient porter la couronne et lever des impôts, un droit transmis de génération en génération au sein de la dynastie impériale. Quiconque cherchait à leur disputer ce pouvoir était injuste et méprisable. Le pouvoir héréditaire du souverain faisait partie de leur religion et nul ne souhaitait de changement.[10]
Il existait un vaste guerrière et de la puissance politique, et la vénération des souverains divinisés par toutes les catégories de la population.fossé entre les classes dans la société iranienne. Comme l’écrit le Dr Arthur Christensen, « La société iranienne était fondée sur des distinctions de lignée et de métier. Les différentes classes de la société étaient séparées par un fossé infranchissable. »[11]
La civilisation perse était ainsi caractérisée par la poursuite des plaisirs physiques, la glorification de la force
[1] Voir Abû Zayd Shalabî, Târîkh al-hadâra al-islâmiyya wal-fikr al-islâmî p. 67.
[2] Voir Shâhîn Makarios, Târîkh Irân, pp. 221-224.
[3] Voir Abû al-Hasan an-Nadwî, Ce que le monde a perdu avec le déclin des musulmans, pp. 63-64.
[4] Arthur Christensen, L’Iran sous les Sassanides, cité par Abû al-Hasan an-Nadwî dans Ce que le monde a perdu avec le déclin des musulmans, pp. 56-57.
[5] Ibid., p. 42.
[6] Mazdak : célèbre philosophe persan qui vécut sous le règne de l’empereur Kavadh (488-531 apr. J.-C.), le père d’Anushiravan. Il fit de Kavadh son adepte, appelant à la mise en commun des femmes et des biens, puis il fut désavoué par Anushiravan qui le fit exécuter.
[7] Ash-Shahrastânî, al-Milal wan-nihal, 1/248.
[8] Kavadh, fils de Péroz 1er, était l’un des plus grands souverains sassanides. Il régna durant 43 ans (488-531) et mena des guerres contre les Khazars et contre les Byzantins.
[9] At-Tabarî, Târîkh al-umam wal-mulûk, 1/419.
[10] Abû al-Hasan an-Nadwî, Ce que le monde a perdu avec le déclin des musulmans, pp. 58-59.
[11] Arthur Christensen, L’Iran sous les Sassanides, p. 590 ; cité par an-Nadwî, p. 60.
Commentaires
Envoyez votre commentaire