Short Description
Comment sous l’influence de l’Islam furent traités les malades et les handicapés au sein de la civilisation islamique.
Comment sous l’influence de l’Islam furent traités les malades et les handicapés au sein de la civilisation islamique.
L’islam et la civilisation musulmane ont une vision particulière des malades et des personnes à besoins spécifiques ; depuis l’allègement de certaines obligations juridiques, comme dans la parole divine : « Il n’y a rien à reprocher à l’aveugle, ni au boiteux, ni au malade »[1], jusqu’à l’incitation à l’espoir et la protection de leurs droits physiques et psychologiques.
La visite au malade, un droit en Islam
Lorsque le Prophète (paix et salut à lui) apprenait que quelqu’un était malade, il s’empressait de lui rendre visite chez lui, malgré tous les soucis et toutes les charges qui pesaient sur lui. Il n’y avait rien de forcé dans ces visites : elles étaient motivées par un sentiment de devoir à l’égard de ces malades. Comment aurait-il pu en être autrement, alors qu’il avait lui-même souligné que recevoir des visites fait partie des droits du malade ? Le Prophète (paix et salut à lui) a dit en effet : « Le musulman a cinq droits sur le musulman… la visite au malade… »[2]
Le Prophète (paix et salut à lui), guide et éducateur, soulageait la souffrance des malades, les consolait et leur montrait une compassion et une affection réelles, ce qui aidait les malades et leur entourage. `Abdallâh ibn `Umar (que Dieu l’agrée) fait le récit suivant : « Sa`d ibn `Ubâda tomba malade et le Prophète (paix et salut à lui) lui rendit visite en compagnie de `Abd ar-Rahmân ibn `Awf (que Dieu l’agrée), Sa`d ibn Abî Waqqâs (que Dieu l’agrée) et `Abdallâh ibn Mas`ûd (que Dieu l’agrée). Quand il entra il le trouva entouré des siens et demanda : ‘Est-il mort ?’
Ils lui répondirent : ‘Non, Messager de Dieu.’ Le Prophète (paix et salut à lui) pleura, et le voyant pleurer les gens pleurèrent aussi. Il leur dit alors : ‘N’entendez-vous pas ? Dieu ne châtie pas pour les larmes de l’œil ni la tristesse du cœur, mais Il châtie pour cela – montrant sa langue – ou Il pardonne.’ »[3]
Le Prophète (paix et salut à lui) invoquait Dieu pour les malades et leur promettait qu’ils seraient récompensés pour leur maladie, apaisant ainsi leur souffrance et les aidant à l’accepter. Umm al-`Alâ’[4] (que Dieu l’agrée) a relaté : « Le Prophète (paix et salut à lui) me rendit visite alors que j’étais malade, et il me dit : ‘Réjouis-toi, Umm al-`Alâ’ : Dieu efface les fautes du musulman à travers la maladie comme le feu ôte les impuretés de l’or et de l’argent.’ »[5]
Allègement des charges religieuses
Le Prophète (paix et salut à lui) s’efforçait d’alléger la condition des malades et de ne pas les fatiguer. A ce sujet, Jâbir ibn `Abdallâh fait le récit suivant : « Comme nous étions en expédition, l’un de nous fut atteint par une pierre qui le blessa à la tête. Cethomme eut une pollution nocturne et demanda à ses compagnons : ‘Pensez-vous que j’aie une excuse suffisante pour effectuer l’ablution sèche (tayammum) ?’ Ils lui dirent : ‘Nous ne te trouvons pas d’excuse, tu es capable de supporter l’eau.’ Il effectua alors la grande ablution et il mourut. Lorsque nous arrivâmes auprès du Prophète (paix et salut à lui), il fut informé de cela et il dit : ‘Ils l’ont tué, que Dieu les tue. Que n’ont-ils demandé s’ils ne savaient pas. C’est en posant des questions qu’on guérit l’ignorance. Il lui aurait suffi d’effectuer l’ablution sèche et de presser – ou de nouer, l’un des rapporteurs ayant un doute sur le terme utilisé – un linge sur sa blessure, d’y passer ses mains humides et de se laver le reste du corps.’ »[6]
Il se montrait disponible pour répondre aux besoins des malades et les accompagnait pour s’occuper de leurs affaires. Ainsi, un jour une femme à l’esprit dérangé vint le trouver et lui dit : « Messager de Dieu, j’ai besoin de toi. » Il répondit : « Umm Untel, vois vers où tu veux aller afin que je m’occupe de ton affaire. » Il s’écarta avec elle sur un chemin pour écouter ce qu’elle avait à lui dire.[7]
Le droit au soin
Le Prophète (paix et salut à lui) a également reconnu aux malades et aux handicapés le droit d’être soignés. En effet, un corps sain extérieurement et intérieurement fait partie des objectifs de l’islam. C’est pourquoi il répondit aux Bédouins qui l’interrogeaient sur le fait d’employer des remèdes : « Soignez-vous, serviteurs de Dieu, car Dieu n’a pas créé de maladie sans créer son remède, excepté la mort… »[8] En outre, il n’interdisait pas qu’une femme musulmane soigne un homme musulman : lorsque Sa`d ibn Mu`âdh (que Dieu l’agrée) fut atteint d’une flèche lors de la bataille du Fossé, il le fit soigner par Rufayda (que Dieu l’agrée), une femme de la tribu d’Aslam qui soignait les blessés et s’occupait des champs des musulmans en leur absence.[9]
Attardons-nous encore sur l’admirable comportement du Prophète (paix et salut à lui) à l’égard de `Amr ibn al-Jamûh. Ce dernier était infirme, mais cela ne l’a pas empêché d’être honoré de la meilleure façon en raison de son engagement et de son généreux don de soi dans la voie de Dieu. `Amr ibn al-Jamûh était un homme qui boitait fortement. Il avait quatre fils, pareils à des lions, qui participaient aux batailles avec le Prophète (paix et salut à lui). Le jour d’Uhud, ils voulurent l’empêcher de partir à la bataille. `Amr ibn al-Jamûh alla trouver le Prophète (paix et salut à lui) et lui dit : « Mes fils veulent m’empêcher de partir avec toi pour cette bataille. Par Dieu, je souhaite marcher au paradis avec mon boitement. » Le Prophète (paix et salut à lui) répondit à `Amr (que Dieu l’agrée) : « Dieu t’a excusé, tu n’es pas tenu à participer au jihâd. » Puis il dit à ses fils : « Ne l’en empêchez pas, peut-être Dieu lui octroiera-t-Il le martyre. » L’homme participa donc à la bataille d’Uhud et y fut tué. Le Prophète (paix et salut à lui) dit à son sujet : « Par Celui qui tient mon âme en Son pouvoir ! Il est des gens parmi vous à qui Dieu donnerait raison s’ils juraient devant Lui. L’un de ceux-là est `Amr ibn al-Jamûh. Je l’ai vu marcher au paradis avec son boitement. »[10]
C’est ainsi que les malades et les handicapés ont été traités par l’islam et sous l’égide de la civilisation musulmane.
[1] Sourate 24, an-Nûr, verset 61.
[2] Al-Bukhârî d’après Abû Hurayra, Livre des funérailles, chapitre : « L’injonction de suivre les convois funèbres » (1240) ; Muslim, Livre de la salutation, chapitre : « Rendre la salutation fait partie des devoirs du musulman envers le musulman » (2162).
[3] Al-Bukhârî d’après `Abdallâh ibn `Umar, Livre des funérailles, chapitre : « Le fait de pleurer près d’un malade » (1304) ; Muslim, Livre des funérailles, chapitre : « Le fait de pleurer un mort » (924).
[4] Umm al-`Alâ’ était une femme qui était devenue musulmane et avait prêté serment d’allégeance au Prophète (paix et salut à lui) ; c’était la mère de Khâriba bint Zayd ibn Thâbit. Voir Ibn al-Athîr, Asad al-ghâba 6/382, et Ibn Hajr al-`Asqalânî, al-Isâba, biographie n° 12168.
[5] Abû Dâwud, Livre des funérailles, chapitre : « Le fait de rendre visite aux femmes » (3092) ; classé comme authentique par al-Albânî, voir : Sahîh al-jâmi` (7851).
[6] Abû Dâwud, Livre de la pureté rituelle, chapitre : « Le blessé qui effectue l’ablution sèche » (336) ; Ibn Mâjah (572) ; Ahmad (3057) ; ad-Dâramî (752) ; classé comme authentique par al-Albânî, voir Sahîh Abî Dâwud (325).
[7] Muslim d’après Anas ibn Mâlik, Livre des mérites, chapitre : « Le Prophète (paix et salut à lui) était proche des gens et ils recherchaient sa bénédiction » (2326) ; Ahmad (14078) ; Ibn Hibbân (4527).
[8] Abû Dâwud, Livre de la médecine, chapitre : « Le fait de se soigner » (3855) ; at-Tirmidhî (2038) qui déclare ce hadîth bon et authentique ; Ibn Mâjah (3436) ; Ahmad (18477), avec selon Shu`ayb al-Arnâ’ût une chaîne de transmission authentique faite de rapporteurs fiables retenus par les deux cheikhs ; classé comme authentique par al-Albânî, voir Ghâyat al-marâm (292).
[9] Al-Bukhârî, al-Adab al-mufrad 1/385 ; Ibn Hishâm, as-Sîra an-nabawiyya 2/239 ; Ibn Kathîr, as-Sîra an-nabawiyya 3/233.
[10] Ibn Hibbân d’après Jâbir ibn `Abdallâh (7024), avec selon Shu`ayb al-Arnâ’ût une chaîne de transmission bonne ; Ibn Sayyid an-Nâs, `Uyûn al-athar1/423; as-Sâlihî ash-Shâmî, Subul al-hudâ war-rashâd fî sîrat khayr al-`ibâd 4/214.
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